Une fois le marché fait, nous avons pris la route, François conduisant le 4x4 de location. Au début, il s'agit d'une route à peu près bien goudronnée, même si elle est encombrée pêle-mêle de moutons, de cyclistes, de piétons, de deux-roues, de poulets, de voitures, de minibus... Mais petit à petit, les nids-de-poule deviennent plus nombreux jusqu'à ce qu'il n'y ait carrément plus d'asphalte. Juste de la terre battue formant des ornières, des creux, des bosses, des flaques... Bref, il faut 4 heures pour faire environ 100 kilomètres.
Nous arrivons vers 20h. Il fait nuit noire. Nous sommes accueillis par Laurent, le maître de stage de François et Fabien, nos étudiants qui font leur stage dans ce village. Laurent est un Toulousain (euh... blanc, donc !) qui s'est converti à l'islam et qui est marié avec la fille du calife. Nous discutons jusqu'à minuit puis Charlotte et moi allons nous coucher dans notre "chambre". Il s'agit d'une construction de parpaings, surmontée d'un toit de tôle. Une ampoule éclaire la pièce et 2 matelas sont posés à même le sol. Dehors, quelques tôles sont plantées verticalement dans le sol, formant un abri pour faire ses besoins.
Nous allumons une spirale insecticide, je me badigeonne de répulsif à moustique et je me calfeutre dans mon petit duvet. Mon angoisse, c'est d'attraper le paludisme... J'ai trop chaud mais il est hors de question que le moindre centimètre de peau dépasse ! Du coup, je ne dors que d'un oeil, attentive au plus léger vrombissement d'insecte. A 5 h du matin, je suis réveillée en sursaut : l'appel à la prière me sort brutalement de mes rêves !!! J'essaye de me rendormir mais la cohabitation avec les fourmis dans mon duvet m'agace un peu...
Voilà notre chambre (avec Laurent et Charlotte) :
La matinée s'écoule tranquillement. Laurent nous emmène saluer le calife. C'est un personnage important "descendant direct par le sang du prophète Mahomet". Je dois tenir un discours formel dans lequel je remercie les uns et les autres de manière très protocolaire. Petit problème : le calife parle un français approximatif et je ne comprends pas très bien ses questions. Heureusement, François fait l'interprète avant que je ne me ridiculise trop !
Puis Laurent nous fait faire un tour du village.
Une femme pile le riz pour le sortir de sa balle.
Charlotte s'y essaye aussi.
L'unique magasin du village.
Nous nous rendons ensuite sur les lieux où les étudiants ont installé leur jardin-école. Dans un coin, les femmes qui participent au projet ont improvisé une cuisine et sont en train de préparer un mafé et un thiéboudienne (euh... je ne vous garantis pas l'orthographe...).Ce sont les plats traditionnels qu'elles cuisinent avec les courses que François et Fabien leur ont offert à l'occasion de la fin de leur séjour au village.
Le village est au bord d'un bras de rivière qui se jette dans le fleuve Casamance. Vous pouvez voir qu'il n'y aucune végétation aux abords directs de la rivière. En effet, le déficit en pluies provoque une remontée des marées de l'océan, qui de ce fait, sale les terres. Le sol est recouvert d'une croûte de sel et empêche la pousse des végétaux.
Pour ce projet, 4 habitants du village (3 hommes et une femme) ont été choisis par Laurent pour mettre en place un jardin potager. Ils ont été formés par nos étudiants.
Chacun à son tour nous explique ce qu'il a appris et nous fait une démonstration. Puis vient le moment de la "remise de diplômes". François et Fabien ont préparé de beaux diplômes que je remets de la manière la plus protocolaire possible, pour valoriser leur performance. Ils semblent très heureux et je me sens aussi émue qu'eux.
Le travail de Fabien et de François est incroyable. Ils ont choisi un endroit, l'ont défriché et ont planté divers légumes, tout cela avec l'aide des villageois et villageoises qu'il a fallu convaincre (ce qui n'a pas été le plus facile...) : des oignons, des carottes, des pastèques, des courgettes, des aubergines, des tomates, ... poussent maintenant. Tous ces légumes devraient aider la population à mieux se nourrir et, si possible, à faire rentrer un peu d'argent dans la famille.
Ensuite, nous mangeons les plats que les femmes ont préparés. On pose les plats sur de grandes nattes à même le sol et chacun s'assoit par terre autour du plat. Pour manger, il faut prendre une petite quantité de riz, la rouler dans la sauce du bout des doigts, puis serrer le poing de manière à former une petite boule dans le creux de la paume que l'on fait glisser à nouveau au bout des doigts pour enfin la porter à la bouche. Evidemment, vous vous en doutez, on en a partout !!!
L'après-midi continue tranquillement. Il est l'heure d'arroser le jardin. Les femmes se relaient pour puiser l'eau au puits et arrosent les cultures.
Les enfants sont intrigués parce que je suis en train de prendre des notes sur mon carnet. Je leur dessine de petites choses et je leur tends mon crayon pour qu'ils en fassent autant. Mais aucun n'ose, jusqu'à ce qu'un garçon se jette à l'eau.
Puis nous allons jouer ensemble au ballon. Nous ne parlons pas la même langue, mais ce n'est pas important. Nous rions tous, essoufflés et heureux.
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Bonjour, je m'appelle mamour cissé, ce village (BINAKO)est un endroit ou il fait bon vivre. ça fait un moment que je ne suis pas y aller, mais bon l'endroit hypnostise toujours ma pensée.
RépondreSupprimerEt ça ma fait beaucoup plaisir de voir les photos de binako soit disant mon village sur internet.
je remercie beaucoup les auteurs de ces faits et je leurs remercierais davantage s'ils pouvaient en rajoutaient plus(photos de l'autre côté du village, surtout au côté de la mer). parceque ça fait vraiment du bien d'être ailleurs (comme moi actuellement),et de pouvoir visualiser ce lieu.
si vous pourriez aussi donner chaque quartier un nom respectif, pour mieux faciliter l'accès de ce domaine sans guide.
En tous cas merci bien !!
Mamour cissé ( SENEGAL, MBOUR)
TEL: +221771660757
E-mail: mahmoutheboumazarete@hotmail.com