dimanche 6 décembre 2009

La Tabaski

Ce samedi-là, c'était la Tabaski, cette fête où toute famille musulmane se doit de tuer un mouton et de le partager sans oublier d'en garder une partie pour les plus pauvres. Chacun est vêtu de ses plus beaux atours.
Binako est une région peuplée par l'ethnie Mandingue; ses membres sont très religieux et plutôt stricts. Par exemple, à l'occasion de cette fête, contrairement à d'autres régions, il est interdit de chanter et de danser. Il faut simplement se rendre à la mosquée pour prier puis tuer le mouton et le manger ensemble.



La mosquée est trop petite pour faire entrer tout le monde. Les hommes sont à l'intérieur, les femmes dehors sur la véranda; les enfants, à l'extérieur, prient sur des nattes.


Beaucoup d'enfants demandent à ce que nous les prenions en photo.






Les enfants, mais aussi les adultes. Là, c'est Souko, l'une des femmes qui a participé au projet de Fabien et François et qui pose avec une (petite) partie de sa famille. Je lui ai demandé combien elle avait d'enfants, elle m'a répondu "Beaucoup !". Je me demande si elle sait vraiment combien, vu qu'il y a là, ensemble, quelques-uns de ses enfants, petits-enfants, neveux, cousins...


Après la cérémonie, nous rentrons chez Laurent pour attendre l'homme qui va venir tuer le mouton. Cela se passe dans le jardin, juste derrière mon dos, mais je ne veux pas regarder... A peine quelques minutes plus tard, une bonne demi-douzaine de vautours tourne au-dessus de nos têtes pour s'emparer des restes. Ils n'ont pas l'air d'avoir peur de nous et se posent dans le champ d'arachides à quelques mètres de nous.


Laurent fait le partage des morceaux du mouton mais nous devons attendre pour manger : il est le gendre du calife, et tout chef de famille a le devoir de nourrir tous ceux qui en font partie. Il faudra donc patienter jusqu'en fin d'après-midi pour qu'on nous apporte à manger (il en est ainsi 2 fois par jour, c'est la raison pour laquelle on mange toujours très tard : 15h et 21h, quand le calife fait apporter le plat de nourriture). François, Fabien et Charlotte sont trop affamés, ils vont chez leurs amis où ils savent qu'on leur offrira de quoi se rassasier. Moi, par politesse, je patiente mais... j'entends mon estomac crier famine !!!

Le samedi soir, c'est le dernier soir des garçons à Binako, puisque nous devons partir à 6h du matin le lendemain pour refaire les 4 h de piste vers Ziguinchor et atteindre le bateau qui nous ramènera à Dakar.
Nous faisons le tour du village pour dire au revoir à chacun et en particulier au calife. Je vous donne en mille ce qu'il m'offre... La corne du bélier qui a été sacrifié le matin-même ainsi qu'un outil de jardinage, une espèce de binette, forgée artisanalement. Je m'en servirai aux Oliviers, c'est sûr. Quant à la corne, elle trônera sur mon bureau à l'école !
Pour finir, il faut "faire les doigts". Vous ouvrez vos mains, paumes vers le ciel, devant vous et vous vous recueillez en baissant religieusement la tête. Le calife prononce des prières pour vous. Quand il se tait, vous passez vos mains sur votre visage, du haut vers le bas, comme si vous vouliez imprégner votre face de tous les bienfaits qu'il vous a promis.
Nous prenons le thé à la menthe dans la maison du calife et discutons avec ses fils et ses frères. Cette petite fille, sur la photo suivante, fait aussi partie de sa famille; elle est assise sur mes genoux mais n'ose faire aucun geste, elle est très intimidée !


Plus tard dans la soirée, les garçons ont organisé une présentation des photos qu'ils ont prises au cours de leur séjour à Binako. Ils installent leur ordinateur portable à l'unique magasin où il y a l'électricité et le public arrive. Malgré l'attente pour des raisons techniques, les villageois s'agglutinent et l'auditoire est émerveillé de se voir ou de voir le voisin sur l'écran de l'ordinateur. Des rires fusent, accompagnés de commentaires que nous ne comprenons pas mais que nous pouvons facilement imaginer.
Vers minuit, chacun se dit au revoir, en sachant qu'il s'agit très probablement d'un adieu sans retour.




Le lendemain, sur le chemin du retour, je prends quelques photos depuis la voiture.






A l'arrivée à Ziguinchor, nous devons patienter un peu pour prendre le bateau. Nous prenons un bon petit-déjeuner, assis sur le bord de la route, au bord de l'eau, dans ce qui doit être un chantier naval.


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