C’est depuis… Pékin que j’écris ce dernier article sur l’Inde. En effet, je voulais encore vous parler des trains en Inde mais je n’avais pas eu assez de temps pour pouvoir raconter notre expédition pour rentrer à New Delhi. Les divers rendez-vous professionnels que nous y avons eus m’en ont empêchée, puis nous sommes rentrées en France. 2 jours de travail à Purpan, un petit samedi de lavage-repassage-ménage (les habituels mots en –age qui forment le week-end de nombreuses femmes…) pour pouvoir repartir en Chine dès le dimanche après-midi.
Donc… les trains en Inde.
Le taxi nous a déposées à la gare d’Agra, immense bâtiment délabré qui sentait encore la colonisation britannique. Dès ses abords, nous avons compris que nous étions arrivées. Dans tous les pays, je crois, les gares sont reconnaissables. Pas obligatoirement par l’architecture mais par la faune hétéroclite qui s’y presse, par le regard hagard des voyageurs fatalistes, par le commerce naturel qui s’y exerce. Agra n’échappe pas à cette règle. Avec, en plus, ce qui caractérise les gares des pays pas encore riches : des nuées de gens couchés par terre essayant de prendre du repos avant d’entreprendre un long voyage, des mendiants tendant une main sale et des hommes espérant se charger du poids des bagages des riches contre quelques miettes de fortune.
Après avoir trouvé le quai d’où partait notre rame, nous avons essayé de monter dans le wagon. Oui, mais… quel train ??? Pas de numéro de voiture, pas d’indication de destination… Nous avons remonté toute la longueur d’un train – et les trains indiens sont immenses-, parties dans un sens que nous estimions, à tout hasard, l’avant. De manière arbitraire, me direz-vous ! C’est vrai : comme nous avions un billet de 1ère classe, nous avons imaginé que les premières étaient à l’avant du train, comme dans le TGV… Grand bien nous a pris puisque nous avons trouvé nos prénoms sur un listing informatique simplement collé sur la porte du wagon (il faut dire que le nom de famille de Marie est à même de décourager le premier non-Belge qui se présente !!!).
Lors du départ, nous nous sommes aperçues que le train partait dans la direction opposée et qu’en fait, nous étions en queue de train… Mais peu importe, nous avions trouvé !
Enfin… oui et non : nous nous sommes installées dans un compartiment comportant 4 couchettes en skaï bleu marine. Marie s’est installée en hauteur et moi, juste au niveau bas.
Les voyageurs qui entraient dans le train et qui recherchaient une place, voyant que ce compartiment était occupé par des Occidentales, poursuivaient bravement leur chemin. Pourtant, après le départ, un homme a osé s’asseoir auprès de nous (mais peut-être n’avait-il pas vu que nous étions « blanches », engoncées dans nos écharpes pour ne pas poser notre visage directement sur une couchette modérément hygiénique…). Il s’est assis, donc, en tailleur et a sorti quelques feuillets pliés du fond de sa poche, les a consciencieusement défroissés et a commencé à psalmodier en se balançant d’avant en arrière. Un air d’une petite vingtaine de notes, répété à l’infini… Au début, je l’ai observé à travers mes paupières mi-closes. Pendant quelques instants, je me suis posé l’éternelle question de la justification de la foi religieuse mais après quelques minutes… je ne me souviens plus de rien : sa rengaine perpétuelle avait eu un effet parfaitement soporifique sur moi !
Nous avons été réveillées sans ménagement par le contrôleur : nous n’étions pas dans le bon compartiment. Nous avons donc dû déménager, pleines de sommeil, jusqu’au compartiment suivant, qui avait un confort théoriquement plus abouti (couchettes en tissu !!!). Et rendormies presque aussitôt !
J’ai probablement dormi encore une heure puis j’ai regardé défiler le paysage à travers la vitre sale (que vous pouvez deviner par la couleur jaunâtre des photos).
Lorsque nous sommes parvenues dans la banlieue de New Delhi (attention, derrière « banlieue », vous pouvez mettre tout autre chose que dans les nôtres…), il y avait une telle pauvreté qu’elle était parfois difficile à regarder : des gens dormaient à même le sol le long de la voie, avoisinant d’autres en train de faire leurs besoins derrière une maigre touffe de végétation, des hommes erraient sur les voies, à la recherche de je ne sais quoi... Des kilomètres de bidonvilles abritaient des familles entières, dont les enfants regardaient passer ce train les yeux emplis d’une vieille lassitude. C’était poignant et pour tout vous dire, je me suis mise à pleurer silencieusement devant tant de misère.
Bref ! Notre voyage s’est terminé dans un décalage propre au voyage, et je dois dire que c’est l’une des choses qui me passionnent dans le voyage : rendez-vous à l’ambassade de France, dans un magnifique immeuble datant lui aussi du temps des colonies. Gardes vous gratifiant d’un salut militaire au passage de la barrière d’entrée, des bureaux ressemblant à ceux de n'importe quelle administration française, des magazines français (en attendant d’être reçues, j’ai lu dans le futile Gala l’enviable sort de Sophie Marceau…).
Après notre rendez-vous de l’après-midi –particulièrement instructif et fructueux, nous avons voulu aller dans un centre commercial pour faire quelques dernières emplettes. L’un des employés de bureau parlant parfaitement français, un immense sikh au turban noir et à la moustache pointue, nous a gentiment orientées vers un mall à l’américaine où nous avons trouvé tous les magasins que nous ne souhaitions pas voir : Celio, l’Occitane (un comble !!!), Zara, etc…
Encore un dernier rendez-vous professionnel avant le départ à minuit passé. Notre interlocutrice avait choisi pour nous un restaurant… indien, ce qui paraît assez normal ! Mais pour être tout à fait honnête, après 10 jours de régime indien, nos estomacs, et tout spécialement le mien, réclamaient pitié. Ces épices, pour délicieuses qu’elles soient, avaient dû brûler tout l’intérieur du dedans de moi-même et je n’aspirais plus qu’à manger une assiette de pâtes au beurre !!! Un restaurant japonais et ses sushis ont représenté pour nous une alternative salutaire. Le retour vers la France s’est ensuite effectué sans encombre.
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