Voilà une nouvelle mission qui commence, je pars aux USA demain. Mais avec les consignes de sécurité qui se sont renforcées, il m’a fallu passer la nuit à Paris pour embarquer demain matin tôt pour Chicago. Qu’à cela ne tienne ! Personne ne me retient à Toulouse. Je vais donc passer une petite soirée à la capitale.
Mais comme d’habitude, mon voyage a commencé dans la galère ! Je suis allée garer ma voiture à l’Ecole où j’avais commandé au taxi de venir me chercher. 3 petites minutes d’avance, timing parfait. Mais le samedi, le parking de ‘Ecole est fermé par un portail sécurisé, j’ai donc attendu directement dans la rue. Sauf que juste au moment où je patientais… il s’est mis à tomber des trombes d’eau. Vous savez, cette petite pluie fine, d’abord, qui se manifeste en février ou en mars, mais qui se poursuit en véritables seaux d’eau. Un magnifique soleil d’un côté et une petite averse de l’autre, le tout ponctué d’arcs-en-ciel irisés. C’est superbe ! Mais j’avais beau me focaliser sur les merveilles de notre Terre, je n’en ai pas moins été trempée en l’espace de quelques minutes. Mon petit parapluie n’arrivait pas à abriter ma valise, mon sac à dos et moi. J’ai vu le taxi arriver avec grand plaisir !
Bon, vol sans encombre, arrivée à l’hôtel. Très bien, l’hôtel, à garder dans les Favoris.
J’avais pris soin d’acheter le Pariscope pour chercher une activité pour ma soirée. J’ai choisi un concert de Bach et en attendant l’heure, je suis allée me promener sur les « Grands boulevards ».
J’ai passé suffisamment de temps à Paris pour ne pas me sentir dépaysée dans cette ville. De même, mes 3 ans passés à Hong-Kong m’ont habituée à vivre dans une grande ville, à être entourée d’étrangers, à entendre parler des tas de langues différentes, à voir des types physiques différents. Pourtant, Paris est un étonnement perpétuel pour moi. J’adore cette ville ! A HK, tous ces gens qui s’y côtoient n’ont qu’une idée en tête : l’argent, le travail. A Paris, ces mêmes étrangers sont là en touristes, juste pour profiter de sa beauté, de son charme, de son romantisme. Ils regardent tout avec émerveillement. Et moi, je fais comme eux ! Bien sûr, ce sont des lieux communs que je vous livre ; et pourtant, c’est tellement vrai !
Je suis donc allée au concert. Aux concerts, devrais-je dire. Il y en avait un à St Michel à 19h30 et un autre à St Louis-en-l’île à 20h30. Comme ces deux endroits sont très proches l’un de l’autre, j’ai décidé d’aller aux deux !
Le premier : Les Ave Maria de Gounot et de Schubert, quelques chorals (choraux ???) de Bach et les 4 saisons de Vivaldi. Nous attendions patiemment dans l’église (très bien chauffée) quand, venant de derrière nous, une paire de talons hauts a retenti d’une manière ostensible. J’ai pensé : « C’est quoi, cette morue ??? ». En fait, remontait dans l’allée la cantatrice. Elle portait la même robe que Peau d’Ane, celle qui est faite en soleil. Toute en or ! Pas très discrète, mais bon, on est cantatrice ou on ne l’est pas ! Elle s’est plantée au milieu, devant les musiciens (3 violons et 1 violoncelle) en regardant la foule. On aurait dit la tête de Lynette Scavo avec les manières et le maintien de Bree Van de Kamp (Desperate housewives). Les mains croisées en une prière apparemment existentielle, la tête innocemment penchée, elle souriait par moment ; puis sans qu’on sache pourquoi, elle se mettait à froncer les sourcils, vraisemblablement courroucée. Je me suis demandée si elle comprenait les paroles et si elle les mimait, mais j’en doute un peu : Ora pro nobis (priez pour nous) ne me semble inspirer ni l’extase ni la colère… Bref, j’ai fini par fermer les yeux parce que toutes ces minauderies m’empêchaient d’écouter la musique. A partir de là, j’ai pu profiter de chaque note car il faut bien reconnaître qu’elle avait une belle voix. De plus, elle a chanté un choral intitulé Ô Jésus que ma joie demeure, de Bach, que mon père aimait particulièrement, à tel point qu’il avait demandé que ce morceau soit joué le jour de mon mariage, à la cathédrale de Montpellier. C’était une pensée toute spéciale pour mon Papa, qui s’en est justement allé, il y a très exactement un an, rejoindre la Sainte Vierge pour qui il avait une dévotion toute spéciale.
La cantatrice (je ne sais pas son nom) a été remplacée par un jeune homme, Frédéric Moreau, violoniste de son état, qui a interprété les magnifiques 4 saisons de Vivaldi. Quelle émotion, ce Printemps virevoltant grâce aux mains-papillons du virtuose ! Et la touffeur lourde de l’Eté qui traîne ses notes sur son archet… Là encore, j’ai fermé les yeux car j’étais trop hypnotisée par les incroyables mouvements des doigts courant sur l’instrument.
A la dernière note du rappel, je suis sortie en trombe et j’ai marché d’un pas alerte vers le deuxième concert. Commencé depuis une vingtaine de minutes, à ce que m’a dit le monsieur de l’entrée. Mais là, c’était différent : une église aussi, mais un concert d’orgue. Les orgues sont bien sûr au fond de la nef ; les auditeurs tournent donc le dos à la source de la musique. Mais c’est encore plus beau. Vous avez la sensation que la musique vient de partout ; votre attention n’est retenue que par les sons qui arrivent à vos oreilles. Et finalement, vous êtes seul, seul face à vous-même, seul face à votre âme. Il y avait là un recueillement qui n’avait rien de religieux, mais un recueillement qui touchait les plus profondes pensées de chacun. Pas d’applaudissement entre les morceaux, juste de la musique entrecoupée de silence. Un moment vraiment magique.
Je suis rentrée à l’hôtel en métro, des étoiles plein la tête, en me demandant comment il était possible qu’un homme puisse avoir ce supplément d’âme qui pourrait faire avoir foi en l’Homme.
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