dimanche 31 octobre 2010

Bhujung, village de montagne

Le lendemain, nous sommes au point de départ de la jeep à 6h du matin. Première image des Grandes Montagnes.


Pas d’horaire fixe de départ : la voiture partira quand elle sera pleine. A 6h25, elle arrive. Elle est prise d’assaut par une bonne vingtaine de Népalais, hommes, femmes et enfants. Nous, pétries de bonne manière, bien qu’arrivées dans les premiers, nous n’osons pas jouer des coudes et nous restons sur le carreau. Le chauffeur fait descendre des personnes pour que nous prenions leur place. Après maintes tergiversations, monter, descendre, sur les sièges à côté du chauffeur, à l’arrière de la jeep et même sur le toit, 25 personnes + le chauffeur prennent place, serrées les unes contre les autres comme des sardines.
Pensez aussi que si c’est une jeep et non pas un bus, il doit y avoir une bonne raison. Après quelques centaines de mètres, je comprends pourquoi : de gros rochers à surmonter, de profondes ornières à franchir, de vertigineux ravins à longer, de petits torrents à franchir… 4 heures pour parcourir une trentaine de kilomètres (quand je pense qu’il me faut 20 mn pour faire Sommières-Montpellier !!!). Le tout, « esquichés » à l’arrière de la jeep avec le sac de la dame d’en face de moi sur les genoux car elle a déjà sa fille qui doit lui peser bien plus (qui est arrivée à dormir, je me demande comment, vu les cahots de la voiture).


Aline, elle, accueille un petit garçon qui s’endort contre elle en toute confiance et lui bavera dessus la moitié du trajet.
Au bout de 3h environ, les ornières sont tellement profondes que la jeep touche. Conséquence, une fuite d’huile. Arrêt imprévu de 45 mn pour que le chauffeur procède à une réparation sommaire à l’aide d’un bouchon taillé dans une branche ajouté à un peu de colle forte. Si si !

Les enfants sont enchantés que je fasse des photos d'eux.



Avant de remonter dans la jeep, il faut aussi faire une vérification en bonne et due forme : il y a plein de sangsues partout. L'une d'entre elles a même commencé à grignoter Aline.

A l’arrivée à Ghalegaun, notre étape, un paquet de chip dévoré et un jus de mangue éclusé. Sac au dos et c’est parti. Nos étudiantes nous rejoignent pour nous montrer le chemin. C’est sympa de leur part : du coup, elles auront fait 2 fois le trajet dans la journée.


A vrai dire, après quelques centaines de mètres, j’avais déjà un aperçu de ce qu’allaient être ces quelques jours : en quelques pas, Aline et les étudiantes m’avaient mis 20 mètres dans la vue ! Aline est une habituée des treks en montagne. Quant aux étudiantes, d’une part, elles ont moins que la moitié de mon âge, d’autre part, elles sont là depuis un mois et ont eu le temps de s’habituer à ce type d’exercice !

L’arrivée au village est magnifique, si ce n’est que le chemin finit par un nombre incroyable de marches que l’on descend car Bhujung, le village où nous nous rendons, se trouve coincé entre 2 vallées. La marche n’a pas été trop rapide, eu égard à mon rythme de tortue, mais j’étais quand même bien fatiguée quand nous sommes arrivées, 2h45 plus tard. Et surtout, mon genou droit manifestait sa désapprobation devant la torture que je lui infligeais bien malgré moi (en 1993, j’ai eu accident de voiture qui m’a explosé le genou…).







Comité de bienvenue : les membres de l’organisation nous attendent à la porte avec des fleurs et nous invitent à boire un bon thé. Moi, je n’ai qu’un rêve, enlever ses satanées pompes qui pèsent une tonne à chacun de mes pieds !!! Ce que je fais sans tarder, d’ailleurs !
Quelques minutes de repos et première visite du village.

Nous croisons des villageois souriants qui joignent leurs mains au niveau du visage et nous disent « Namasté ». C’est le mot que j’ai dû prononcer le plus de fois de tout ce voyage, des milliers. Car on dit bonjour à tout le monde ici, même si on ne les connaît pas.
















A 19h, rendez-vous avec le responsable de l’organisation qui reçoit les étudiantes. Une sorte d’apéritif nous est servi : des tranches de radis noir qui piquent effroyablement et un verre du vin local, le roxi (euh… je ne vous garantis pas l’orthographe…). C'est du vin de millet. A le voir, on pourrait penser que c’est de l’eau : parfaitement translucide. Servi tiède. Mais une fois dans la bouche, je ressens immédiatement un haut le cœur. C’est infâme ! Evidemment, le monsieur guette nos réactions : « Comment vous trouvez ? ». Euh… c’est… comment dire… c’est spécial. Moi, je suis prête à vomir. Les étudiantes y ont eu droit plusieurs fois depuis leur arrivée et Aline est sûrement plus courageuse que moi. Moi, j’peux pas !!! Lâchement, je laisse le verre sur la table. La petite dame qui fait la cuisine et le service semble avoir pitié de moi. Elle ramasse les verres sans faire de commentaires. Nous mangeons du « dahl bat », le plat servi 2 fois par jours, à 9h du matin et à 7h du soir : du riz blanc, sur lequel on pose une cuillérée de légumes et une de viande (mais pas tous les jours…). A côté, dans un bol, il y a une soupe de lentilles que l’on doit verser sur le riz ; il faut ensuite mélanger consciencieusement le tout et le manger… avec les doigts de la main droite (très important !).


Purusuottam, notre hôte, est très curieux des us et coutumes des Occidentaux. Il nous pose beaucoup de questions pour essayer de comprendre comment Aline, maman de 2 enfants, peut partir en voyage en les laissant à leur père. Quant à moi, divorcée, ça a l’air de le dépasser complètement !
Nous allons enfin nous coucher. Mais la pièce où nous dormons se trouve juste au-dessus de la pièce dans laquelle se déroule une « réunion d’hommes ». Le plancher étant fait, comme son nom l’indique, de planches, j’ai la bizarre impression que mon lit se trouve au milieu de la conversation. Mais de toute façon, je suis tellement épuisée que je m’endors bien avant la fin de la réunion !

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