Encore une fois, lever aux aurores. Les étudiantes se sont levées exprès pour nous dire au revoir. C’est sympa car il est 6h du matin. Un thé sucré et la cuisinière nous « bénit » pour que nous fassions bon voyage. Des grains de riz mélangés avec de l’eau collés sur le front et des fleurs accrochées aux oreilles. Nous voilà parées !!!
Et nous voilà à remonter une nouvelle fois toutes les marches.
La différence, c’est que cette fois-ci, nous avons les sacs à dos. Toutefois, je vois que ça va mieux. Même si je marche encore lentement, je ne me sens pas aussi épuisée qu’à l’aller. La pauvre Aline est obligée de s’arrêter souvent pour m’attendre. Je me mets à sa place, ce doit être un peu pénible !! 3h15 de marche pour remonter (au lieu des 2h45 de descente). Nous arrivons à Ghalegaun, il fait un temps superbe : l’air est transparent et nous laisse voir les hauts sommets qui nous entourent (que nous n’avions pas vu dans l’autre sens à cause d’une brume qui épaississait l’air). Nous attendons la jeep pour redescendre.
Aline prend des photos
Le commerçant de chips nous apprend que comme c’est un jour férié (Dashain, jour de fête tourné vers la famille et les enfants), la jeep ne partira pas ce jour-là. Que faire à part descendre à pied ??? Je vois le visage d’Aline s’éclairer « Ben mince, il va falloir descendre à pied ! ». Quant au mien, je l’imagine se décomposer ! Je suis déjà bien fatiguée et nous avons encore plusieurs heures de marche. En plus, il sera donc trop tard pour repartir aujourd’hui même et nous devrons passer une nuit supplémentaire à Besi Sahar, comme à l’aller. D’après le commerçant, il y en a pour 2h. Oui… c’est cela… et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu… Je suis sûre que pour moi, ça va faire beaucoup plus !!! Les Népalais marchent dans les montagnes depuis leur plus tendre enfance ; moi, je suis une fille de la mer et de la plage !!!
Bon, de toute façon, il n’y a pas d’autre solution. Allez, courage, on est parties ! Au début, ça va plutôt bien : on suit la piste de la jeep. S’il s’agit juste de marcher, je pense que je peux aller loin. Mais plus tard, on prend un chemin qui va en se rétrécissant pour aboutir en un interminable escalier. Des milliers de marches pour arriver jusqu’à la rivière –et la route- qui se trouvent tout en bas. Je ne sais pas quel est le dénivelé et je crois que je préfère ne pas le savoir. Nous traversons de magnifiques paysages, avec un panorama grandiose. Nous rencontrons des paysans, des enfants, des villageois, tout un petit peuple habite ces montagnes.
Mais la beauté des paysages ne suffit pas… La fatigue commence à se faire de plus en plus présente, d’autant plus qu’Aline, en marcheuse expérimentée, m’assure que « les marcheurs ne mangent pas ». Résultat, depuis le réveil à 5h30, nous avons pris un thé sucré avant le départ, 3 biscuits à mi-chemin de la montée et un paquet de chips et un coca à Ghalegaun.
Je marche à présent comme un robot : un pied devant l’autre et on recommence. J’ai perdu tout sens de l’humour. Au début, avec Aline, on parlait, on rigolait, mais là, je ne peux plus dire un mot, je serre les dents et/ou je grimace. Elle fait pourtant tout ce qu’elle peut pour me faire penser à autre chose mais c’est vraiment dur. Mon genou me fait souffrir le martyre, je n’en peux plus. Je suis arrivée au bout de mes forces et pourtant, je continue, mécaniquement. J’ai envie de m’asseoir par terre et de pleurer, mais ça ne m’avancerait pas à grand-chose : personne ne viendrait me porter ! Il n’y a pas d’autre solution que de continuer à marcher, à descendre jusqu’à atteindre la route. Parfois, je m’arrête en haut des marches, j’ai l’impression que ma vue se brouille, je vois des rochers partout et j’ai l’impression que mon cerveau n’est plus capable de choisir où il va poser mon pied. A un moment, je me souviens même avoir souhaité plus que tout être dans mon bureau à l'Ecole...
Après 4 heures de marche supplémentaires, ponctuées de 4 ou 5 arrêts de quelques minutes, nous rejoignons la route et attendons le bus qui passe un petit quart d’heure plus tard. Nos sacs à dos envoyés sur le toit, nous jouons des coudes et défier les lois de l’équilibre pour faire face aux cahots et ornières que rencontre le bus, dans le but d’atteindre le dernier rang dans le bus (presque…) plein. Pour ce faire, il faut juste enjamber un bouc et quelques chèvres, bousculées par les cahots de la route. Le bouc semble copiner avec Aline qui reçoit son haleine parfumée pendant la petite demi-heure que va durer notre trajet jusqu’à Besi Sahar.
Heureusement, il y a encore des chambres à la guest house où nous nous sommes arrêtées à l’aller car je suis dans l’incapacité la plus totale d’aller plus loin. Je m’affale sur le lit et reste dans l’immobilité la plus totale pendant de longues minutes. Morte je suis ! Mes épaules me brûlent, mes genoux ne veulent plus m’obéir, mes cuisses et mes mollets sont contractés, j’ai une énorme ampoule au pied droit et un coup de soleil carabiné sur le visage, la nuque, les avant-bras. Pour couronner le tout, je suis affamée ! Plus tard, une bonne douche chaude et des vêtements propres me font du bien. Aline est déjà prête à aller faire un tour en ville pour ramener des cadeaux à ses enfants. Je décide de la suivre, mais très honnêtement, je ne sais pas comment je fais pour être encore capable de mettre un pied devant l’autre !!
Le repas, plus tard, effectivement, me redonne quelques couleurs et un peu d’énergie. En revanche, le soir, impossible de m’endormir, je suis trop fatiguée. Aline s’endort comme un bébé et moi, j’écris ce texte pour que cette expérience reste gravée à jamais dans ma mémoire.
Le lendemain, retour en bus vers Katmandou. 7h de trajet un peu ennuyeux, mais bon... Mais comment ils font pour dormir malgré les secousses ???
Nous arrivons à l'hôtel pour la dernière soirée. Quelques dernières petites emplettes de souvenirs à ramener en France, dîner une nouvelle fois au restaurant tibétain et dodo ! Le lendemain, nous reprenons l'avion : Aline vers la France et moi, je poursuis mon voyage vers la Chine. 4 jours à Nanjing et 4 jours à Shanghai.
Une dernière petite chose qui vaut d'être montrée : en arrivant à l'hôtel, la voiture du patron était garée dans la cour, capot ouvert; apparemment en panne. Et voilà la meilleure façon de réparer : des offrandes aux dieux. C'est sûr qu'avec ça, ça va marcher beaucoup mieux !
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Whaouuuuuu Quel voyage !!!
RépondreSupprimerdes paysages magnifiques, de belles rencontres, au vue de certaines photos un voyage dans le temps aussi.
Et puis ne pas oublier que lorsqu'on voyage la première des rencontres c'est soi même.
effectivementt , quel voyage!! ; je t'envie tout de meme de parcourir ces contrées , car de mon coté je n'ai pas le temsp , ni la disponibilité pour aller visiter le pays et rencontrer les gens .ceci dit , je m'aperçois que quel que soit l'endroit du monde il y a malgré tout des constantes : circulation dangereuses , vehiucles surchargés , mais bonhommie et bon acceuil des gens , des "vins" bizarres : ici c'est le vin de palme ( ressemble a de l'eau , pas tres claire mais ça "petarde sec " )
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