Hier (tous mes articles commençant par "hier", vous avez sûrement compris que j'écris le matin, de préférence, pour raconter ce qui s'est passé la veille), hier donc, c'était "séquence travail" : je suis allée à l'Alliance Française pour faire des photocopies de cours de français que j'avais laissés sur place, pensant que je n'enseignerais plus le FLE. Finalement et à ma grande joie, il est possible que je doive m'y remettre.
Par la même occasion, j'ai vu les professeurs de l'AF, mes collègues il y a 6 mois à peine. Ils m'ont accueillie très amicalement et ça m'a fait plaisir.
J'ai déjeuné en compagnie de 2 d'entre eux : Karine, qui est mon ancienne voisine (nous vivions sur la même île et dans le même village) et Didier (qui a repris mon appartement après mon départ). Nous étions dans un restaurant tenu par des Tibétains; tout y est bio. Pour être tout à fait honnête, la nourriture n'est pas extraordinaire; ce n'est pas mauvais mais ce n'est pas particulièrement goûteux non plus. En revanche, les serveurs (des Tibétains dont quelques nonnes bouddhistes) sont d'une grande gentillesse. C'est un endroit vraiment agréable.
Dans l'après-midi, je suis allée retrouver mon amie Helen ainsi qu'Alice et Emily qui sont venues chez moi (à Toulouse et à Montpellier) à Noël dernier. Elles habitent toutes trois à Cyberport.
Là, il faut que j'explique ce dont il s'agit : Cyberport, c'est un ensemble de buildings (environ 50 étages) grand luxe un peu en périphérie de la ville.
Comme vous le savez sûrement, le territoire de Hong-Kong se trouve en partie sur le continent asiatique mais compte aussi plus de 250 îles. La plus importante (bien qu'elle ne soit pas la plus grande), c'est celle où se trouve le quartier des affaires, bien sûr, l'île Victoria. C'est une île avec une montagne en son centre, ce qui fait que c'est son pourtour qui est habité. Cyberport se trouve sur sa côte sud ouest à 15 mn du centre si vous prenez le tunnel qui passe sous la montagne (mais bien plus loin si vous prenez la route du bord de mer). Au pied de ces immeubles, il y a la mer et derrière eux, la montagne.
La caractéristique principale, c'est que c'est une résidence pour gens (très, voire très très très très) aisés. Pourtant, de l'extérieur, vous pouvez penser que vous êtes face à une barre de HLM, genre la Paillade à Montpellier, à laquelle les architectes n'auraient même pas essayé de donner un petit côté esthétique (ou alors, il faut bien le chercher, hein ?). Mais lorsque vous entrez...
Tout d'abord, il faut passer le barrage : des gardes, des barrières, et du "petit personnel" en uniforme partout, partout, partout !!! Un grand rond-point vous permet de vous diriger vers les différentes parties de la résidence. Au centre, une fontaine, sur les pourtours, un cerf en bronze noir côtoie quelques palmiers en acier chromé; des autruches (allez savoir pourquoi des autruches...) et des naïades (nues bien sûr, mais sans aucune marque de féminité trop marquée...) jonchent les pelouses parfaitement vertes et semblent marcher dans les massifs de fleurs tropicales.
Vous allez garer votre voiture : ses voisines ? quelques Ferrari, Maserati, Porsche, Jaguar, Rolls-Royce, le tout venant étant représenté par de "simples" BMW, Mercedes, Audi, beaucoup de petits coupés et cabriolets, beaucoup aussi d'énormes 4x4. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai vu aucune Peugeot, Renault ou Citroën...
Vous prenez l'ascenseur (j'espère que vous n'avez pas oublié votre badge magnétique, sinon vous êtes mal... ). Vous arrivez au lobby (la réception), digne des plus grands hôtels 12 étoiles (au moins !!). Une petite dame vous ouvre la porte, une autre vous appelle l'ascenseur pendant qu'un garde note que vous venez de rentrer chez vous, tout ça avec d'immenses sourires. Vous allez aussi rencontrer d'innombrables "maids", des femmes philippines, indonésiennes, malaisiennes, petites souris sombres, qui gardent des enfants blonds et capricieux ou frottent tout ce qui brille (et ça ne manque pas !!!). Tout ce petit monde parallèle vous regarde avec un je ne sais quoi de déférent, parfois même d'obséquieux, qui peut vous mettre un peu mal à l'aise (enfin, moi oui, en tout cas...).
Mais pouvez préférer aller boire un verre au Club Bel Air (j'ai oublié de dire que l'endroit s'appelle la Résidence Bel-Air). Vous descendez, impérial, un escalier de marbre d'au moins 4 mètres de large et vous suivez l'immense couloir éclairé de grands lustres vénitiens, où vous côtoyez Sissi impératrice,
et quelques autres personnages historiques européens, rois et ministres, grandeur nature. Vous pénétrez dans le club : atmosphère feutrée, murs lambrissés, grandes tables rondes en bois sombre et longs rouleaux de soie représentant des caractères chinois (on est quand même en Chine), tout cela face à la mer devant laquelle vous pouvez rester tranquillement à siroter votre thé.
A moins que vous n'ayez choisi d'aller à la piscine. Aussi grande qu'une piscine municipale mais vous nagez sous l'oeil bienveillant de l'incroyable statue dorée d'un pharaon égyptien (de 3 ou 4 mètres de haut) et de quelques aigrettes. Là aussi, vous avez une magnifique vue sur la mer, les îles voisines et le port de HK. Vous pouvez aussi aller à la salle de sport pour une séance de musculation, ou au spa. Pendant que vos enfants iront s'amuser dans des salles pleines de boules en mousse, aux agrès, au ping-pong, et je vous en passe.
Je n'ai pas trop osé prendre de photos, j'avais un peu peur qu'on croie que j'avais envie d'immortaliser ce temple du kitch et du mauvais goût réunis... Les Chinois qui vivent là trouvent que cet endroit est le summum de la classe et du chic.
Je dois ajouter que de nombreux expatriés occidentaux vivent aussi là. Du type de ceux qui travaillent pour les grandes banques, ont leur loyer (et le reste...) payé par elles (loyer qui, dans cette résidence, peut aller jusqu'à 10 000 € par mois, oui, oui, vous avez bien lu : 10 000 €) .
Voilà ! Un petit tour chez les riches ! Mais je sens bien que je ne fais pas partie de ce monde. Je suis donc rentrée à Mui Wo, accueillie par un troupeau de vaches à bosse qui me regardait patiemment passer sur mon vélo, un peu comme nos vaches Hollandaises regardent passer les trains.
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